par Anouk Dunant Gonzenbach
Elle a 8 ans, elle revient de son premier camp, elle sourit, elle a grandi, elle s’est débrouillée avec son petit sac à dos. Il a 12 ans, le samedi à vélo, il sait réparer sa chambre à air. Elle a 15 ans, a géré deux journées pour son petit groupe de huit, étoiles dans leurs yeux. Elle a 21 ans, elle organise deux semaines dans l’Oberland bernois sous tente pour 60 adolescent.es, du budget aux activités, de la sécurité aux constructions de camp, des allergies alimentaires aux veillées autour du feu, toutes les étoiles dans leurs yeux.
Ils et elles font partie de la plus grande association de jeunes du canton de Genève (près de 2’000 membres, 295 responsables, 44’000 journées-enfants par année), ils et elles sont scouts. L’objectif du scoutisme, c’est de contribuer au développement des jeunes en tant que personnes, citoyen.nes responsables (c’est d’ailleurs pour cela, rappelons-le, qu’il est le seul mouvement à n’avoir pas été intégré aux jeunesses hitlériennes, qui visaient la masse). Il vit pour et par les jeunes. Loin des clichés, le scoutisme, non politique et laïque, a été créé il y a un peu plus de cent au service de la paix.
Les activités et les camps sont encadrés par des jeunes, formés solidement et attestés Jeunesse&Sport (J&S), des jeunes bénévoles, engagés et responsables, qui transmettent aux plus jeunes ce qu’ils ont vécu.
Une énergie formidable, des activités non élitistes et accessibles financièrement notamment grâce aux subventions J&S. Le succès est là, les listes d’attentes pour inscrire son enfant de 8 ans dans un groupe à Genève sont en ébullition.
Et voilà que la Confédération prévoit de réduire de 20% les subventions du programme J&S. Dans la liste de ses mesures d’économie 2027, cet inventaire à la Prévert de coupes de tout ce qui rend le monde meilleur, des économies au détriment des jeunes, de leur développement et de leur intégration sociale.
Dans un monde qui ne va pas dans le bon sens, dans un monde d’écrans, de bitume et d’isolement, dans un monde que nous rêvons plus beau, que nous avons le devoir de créer plus beau, ne coupons pas au mauvais endroit mais continuons d’avancer avec les jeunes dans le bon sens, continuons simplement d’avoir du bon sens, de soutenir les valeurs de base, les valeurs humaines, les valeurs de l’espérance.
Paru dans La Tribune de Genève, « La lettre du jour», 11 juillet 2025.