Par Anouk Dunant Gonzenbach
Elle brode assise à une table de la terrasse de l’hôtel, devant
La vieille fontaine en bois
La plus grande d’Europe ils disent
Dans la courbe de la petite route au centre
D’un village des Grisons
Un matin d’été les cloches sonnent la demie
Et aussi le quart et les trois quart, entre les heures
Des vélos à sacoches s’arrêtent
Remplissent les gourdes à l’eau froide
De la fontaine
De la vieille fontaine en bois
La fraîcheur de l’eau pour la fournaise de
La journée à venir elle a du dénivelé
Ce qui est fait à la main reste
Lui dit la femme du motard qui vient d’arriver
En suisse-allemand alors elle ne comprend pas bien
La femme du motard répète en français plus ou moins
Un monsieur âgé passe sur la place
A côté de la fontaine
De la grande fontaine en bois
Dans la main plusieurs boîtes empilées
Des boîtes de vingt-quatre œufs
Tout frais aussi
Pour traverser il doit attendre
Le car postal jaune numéro 401
Passe
Plusieurs fois par jour il passe
Trait-d’union jaune
Sur le côté de la fontaine
Grande vieille et en bois
Deux mobylettes de la Poste
Garées, jaune
Au cœur de ce village
De la Surselva
Valendas il s’appelle
Et il y a de la vie autour de la fontaine
Dans le virage de la petite route
Où un matin d’été
elle brode, assise
Valendas, août 2020