Mois : avril 2021

Par Anouk Dunant Gonzenbach et Maurice Gardiol

En cette période où la fatigue et le découragement nous ont atteints ou nous guettent toutes et tous, un peu ou beaucoup, nous souhaitons convoquer la voix de la poésie et des mots.

Cette crise n’est pas la première et ne sera pas la dernière ;  une crise collective, mais qui contient aussi les crises personnelles ponctuant nos existences ; une crise qui nous fait peut-être revisiter ce qu’espérer peut ou veut dire.

Des poètes de toujours ou des troubadours d’un jour ont ainsi répondu à notre appel de février dernier. Ils nous ont rejoints pour dire à leur façon  l’espérance qui les habite ou qui les met en mouvement au quotidien. Des mots en quête d’espérance sont proposés dans la trentaine de textes ci-dessous.

Il y a dans plusieurs textes que nous avons reçus des paroles simples qui invitent à faire un pas après l’autre, sans précipitation, sur un chemin où l’espérance est un horizon et non une possession.

Nous le croyons fermement, et il y a tant de belles choses qui nous le font croire, qu’à l’impossible, l’espérance est tenue.

*

Voix sur l’espérance en temps de crise:

Anne-Marie André : Douleur
Gabriella Baggiolini : Une orchidée qui refleurit
Marie-Thérèse Bouchardy : Une île tissée de temps et de mots
Roger Chanez : Poème pour un sièce à venir & Fleurs au fusil
Philippe Constantin : Es perare
Florian Defferrard : Lambeaux
Stéphanie de Roguin : S’atteler à la joie
Marc Desplos: Le jour d’Après
Linda Diatta : Se lever, ce matin encore…
Monique Dunant : Jérusalem
Anouk Dunant Gonzenbach : Ressusciter, c’est pour bientôt ? & Le tombeau est vide, les orchidées s’élèvent contre le béton armé
Françoise Favre-Prinet : Et tant plus encore.
Sylvie Fischer : A la croisée des deux rivières
Jean-Luc Fornelli : Poésie ornithologique
David Frenkel : Vaincre le virus, sans victoire à la Pyrrhus
Bénédicte Gandois : Le jour où l’enfant est né & Dehors, dans l’hiver immobile
Maurice Gardiol : Dimanche de Pâques & Comme une ancre
Pierre Jaquier : Une Pâque de l’espérance à la dés-espérance
Huguette Junod : Poussière d’étoiles
Madeleine Lederrey : Infime
Laura Maxwell : Dose d’espoir
Anne-Christine Menu-Lecourt: L’espérance
Denise Mützenberg : Chanson retrouvée
Sophie Parlatano: Le nez contre la vitre
Mladenka Perroton : Espoir ordinaire
Sita Pottacheruva : « Espérance »
Irene Strasly : Neige calme  & Ce sera possible
Marie Termini : A toi, Espérance
Frédy Thévoz: Surpris & Si un ange
Sylvain Thévoz : Boire l’obole de l’aube

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Avril 2021

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Ce projet a donné lieu à la publication d’un recueil: Anouk Dunant Gonzenbach & Maurice Gardiol (éd.), Paroles d’espérance en temps de crise, éditions Ouverture, juin 2022.
Vernissage le jeudi 25 août 2022 à 18h30 à la Maison de quartier de Saint-Jean, lecture avec Marc Dunant à la batterie.

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Radioliteractif, 28 novembre 2022:
Au micro de Sita Pottacheruva dans son émission « Radioliteractif » sur RadioCité: Anouk Dunant et Maurice Gardiol présentent le recueil (16 minutes).

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Une lecture d’une large sélection de ces textes a eu lieu à la librairie Le Rameau d’Or le 23 septembre 2021 à 18h30, accompagnée à la batterie par Marc Dunant.

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Ce projet s’inscrit  dans le cadre du blog virusolidaire.ch.

Ce blog a été ouvert le premier jour du confinement le 15 mars 2020, avec l’objectif de publier des bulles d’événements positifs au quotidien. Des auteur.e.s et poètes ont alimenté jusqu’au 8 juin 2020 jour par jour ces pages. Le calendrier de l’Avent en ligne à poèmes et à roulettes mené en décembre 2020 a été le deuxième projet de cette aventure. Qui continue, en mouvement, en questions, en cheminant.

courrier@virusolidaire.ch

Par Anouk Dunant Gonzenbach

Le tombeau est vide, des orchidées s’élèvent contre le béton armé

Les femmes au matin de Pâques
Marie de Magdala, Marie, Salomé
Elles arrivent là, devant le tombeau vide
La pierre est roulée,
Un grand vide, il n’y a plus rien. 

Les jeunes filles de deux mille ans plus tard
Myriam, Léa, Yacine
Elles sont là, devant des montagnes béantes
des eaux qui montent, des glaciers qui fondent, des fraises qui se vendent en hiver, des abeilles qui disparaissent. Elles voient le vide à venir, un après avec plus rien.

Les femmes du matin de Pâques, les jeunes filles de deux mille ans plus tard, elles se demandent, comment continuer alors, si c’est le vide devant, s’il n’y a plus rien, si le futur est impossible à imaginer.

Le tombeau est vide, comme les théâtres, comme les rues en mai passé,  comme les bateaux naufragés en Méditerranée, comme les poches des précarisés, comme les aulas des universités
Comment continuer alors, si c’est le vide devant, si on n’attend plus rien, si on ne voit plus comment avancer.

 Au tombeau vide il y eu
L’inespéré,
Au milieu de la Romandie
S’élèvent des orchidées contre du béton armé
(et devant le Capitole, une jeune poète qui tente de nous réveiller).

Marie devant la pierre roulée
Myriam et sa pioche à la ZAD de la colline du Mormont
Elles se sentent vivantes comme jamais
Ici et maintenant. Parce qu’elles voient
Un monde autre vers lequel tendre
Parce qu’elles le construisent à la force de leurs bras
Parce qu’elles croient au fond d’elles
que se mobiliser, se retrousser les manches aujourd’hui
Est l’espérance d’un autre possible

Elles ont foi dans l’avenir, un avenir bleu, un avenir vert, un avenir violet, un avenir en couleur comme un champ d’orchidées

Femmes de l’aube de Pâques
Jeunes filles de la ZAD
Le trou du tombeau, de la colline, ne restera pas béant
Parce que vous regardez au loin avec confiance, à hauteur d’humains et de fleurs,
Parce que vous ne renoncez pas, parce que vous espérez, parce que de vous la force jaillit

Femmes de l’aube de Pâques, jeunes filles de la ZAD, ne jamais renoncer, agir parce que espérer,
Les orchidées vaincront le béton armé.

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021

Par Maurice Gardiol

Dimanche de Pâques

Cette nuit-là était d’un noir pesant
mes songes étaient remplis d’obscures méandres.
J’étais à terre et toute la froidure d’un sol desséché
envahissait mon corps et engourdissait mon cœur

Nuit sans commencement et sans fin
lourde pierre obstruant toutes les issues et tous les sens

***
Ce matin-là, une fissure dans le mur de mes enfermements,
une brèche dans les remparts  de mon confinement

Aube surgie subrepticement 
de l’autre côté du miroir

L’obscure tombeau s’entrouvre
et le jardinier m’appelle 
par mon nom, pour la vie !

Promesse d’un avenir inespéré
aujourd’hui déjà présent
avec l’Autre pour horizon

Mes yeux se lèvent vers les confins d’un monde à bâtir ensemble
mon regard capte le rayon de cette espérance, fragile
et pourtant suffisamment forte pour me remettre debout.

*

Photo: gravure d’Isabelle Maurer

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021

Par Sylvain Thévoz

De nuit nous irons
Pour trouver la source
Seule nous éclaire la soif.
Saint-Jean de la Croix

Boire l’obole de l’aube

A la même oasis nous allons
jeunes et vieux 
à la même source nous voulons
petits et grands
boire et devenir vivants.

La même soif nous anime
le même tumulte nous abime  
le soleil nous brûle un mot nous rassemble
à l’oasis nous allons.

Malades somnambules nous cherchons
la paix la sérénité et la joie
dans la nuit nous voulons 
brûlés et avides à la fois 
trouver la voie funambules et fiévreux.

Au sol mains jointes et nuque basse
lèvres gercées tremblants mentons
nous pouvons soit nous offrir soit nous rendre
suivre la loi du nombre les promesses des autres
courir les soldes vénérer les idoles
faire de drogues nos religions.

Un lieu porte son nom dans le silence
changeant sans cesse de fenêtre et de porte  
à chaque seconde d’emplacement
souvent derrière l’ombre toujours devant le vent  
au lieu de l’espérance : le secret et l’enfant.

A la même oasis nous allons
boire l’obole de l’aube.

*

Merci à Tom Tirabosco pour le dessin.

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021

Par Anouk Dunant Gonzenbach

Ressusciter, c’est pour bientôt ?

L’aube de Pâques, dans l’espérance de la Résurrection.
Et pour moi, ressusciter, quelle signification ?
Jésus l’a fait une fois, et c’est bien comme ça.

Mis à mort, dans un acte de pure violence, sous les yeux de tous
Il a ressuscité par amour, discrètement.
Le grand renversement, jusqu’au bout de sa vie et complètement.

Marie court, elle a vu le retournement, elle ne comprend pas
Mais elle sait
Et  moi, bien après Marie, comment aborder la Résurrection ?

D’abord
Le tombeau vide, une mauvaise surprise au prime abord
Un abandon ? non.
Depuis ce tombeau vide de ce qui l’a rempli
Le vide accouche de la plénitude
Accepter ce vide désarçonnant et angoissant
Accepter ce vide au fond, c’est enlever la pierre
Découvrir le lieu intime, à l’intérieur,
Où il y a de la place, où je fais de la place, où peut-être est Dieu
Qui pour cela a ressuscité une fois, et c’est bien comme ça

Marie court, elle a vu le retournement, elle ne comprend pas
Mais elle sait
Et  moi, bien après Marie, comment aborder la Résurrection ?

Ensuite
Dans l’espérance infinie
De se relever toujours
Non pas après
Mais maintenant
Entouré,
Avec ceux qui cherchent
Dans l’espérance infinie
de susciter à nouveau, une fois à terre
Les forces de la vie

Mon espérance à moi
ce n’est pas la Résurrection après la mort.
Jésus l’a fait une fois, et c’est bien comme ça.

Mon espérance à moi,
Grâce à cette unique Résurrection,
Grâce à ce vide désormais apprivoisé
C’est la confiance en la vie malgré tout
en l’amour plus fort que le pouvoir
En des petits renversements quotidiens
C ‘est que malgré les minuscules ou immensément démesurés Golgotha
La non violence l’emporte sur la violence gratuite
Les fleurs sur la puissance
C’est l’amour, dans les petites ou grandes choses, qui prend l’avantage
C’est cette espérance
A l’aube de chaque matin.

Ressusciter, c’est pour bientôt ?
Je crois que ressusciter c’est ici et maintenant
A l’aube de chaque matin.

*

En 2017, je lisais ce texte aux Bains des Pâquis, à l’aube du dimanche de Pâques. Aujourd’hui, un sens renouvelé.

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021

Par Maurice Gardiol

Comme une ancre

Comme une ancre qui permet de stabiliser ma frêle embarcation dans les jours de tempêtes
Comme une corde qui me relie et m’assure lors d’une ascension périlleuse
Comme un casque qui me protège des chutes de pierres sur un chemin rocailleux
Comme un au-delà des déchirures et des chutes aux carrefours de ma vie
Tu es l’espérance, petite sœur de la foi et de l’amour

Promesse discrète au creux de mon âme
Passion de l’impossible plus résistante que mes espoirs déçus
Lumière naissante d’une aube nouvelle
Baume sur les failles de mes murailles
Tu es l’espérance, souffle fragile sorti d’un tombeau ouvert.

cf. Hébreux 6,19 ; Psaume 139,5 ; 1 Thessaloniciens 5:8

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021

Par Mladenka Perroton

Espoir ordinaire

Il y a un espoir sous toute chose
Une possibilité de bonheur
Sous les jours obturés par le vide
Sous les journaux annonçant de nouvelles catastrophes,
Comme si les anciennes
N’avaient pas trouvé assez de serviteurs.
Il y a une chaleur
Dans les choses ordinaires
Dans le calme bienfaisant de ceux qui espèrent,
Dont la certitude se fait de plus en plus solide
Sous les sabots des jours et des nuits,
Qui y trouvent une porte insondable.
Il y a ceux qui savent,
Qui éclairent avec leur paume de la main,
Dans un geste délicat de l’empathie ordinaire
Les cicatrices cachées des tumultes, des maladies,
Un monde du dessous,
Rincé à la lumière de l’espoir
Où, plus on s’approche de l’autre
Plus on devient fort,
Ces héros faits d’amour
Probablement invisibles
À celui qui passe trop vite pour voir.
Il y a des anges dans l’anonymat,
Dans l’étrange variété de la vie courante,
De nos vies désunies.
Il y a des faiseurs du pain de vie.
C’est à eux que je rends hommage
En m’habillant ce matin
De mon habit fait de foi qui n’est, que sous l’apparence,
Ordinaire.

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021

Par Marie Termini

A toi, Espérance

Acharnée, tu t’agrippes à moi
Prenant le large parfois
Mais solidement amarrée
Contre vents et marées
Avec violence et ténacité

Les vagues tourmentées attristent
Le chant des sirènes persiste
L’écho des remous désole
La brise revigore et console

Vie versatile qui donne et puis reprend
Au gré des années dissemblables
Restent ancrés les plaisirs d’avant
La quête d’un paradis renouvelable

Tu resteras agrippée à moi, c’est certain
Tapie au fond des gènes, au bout du destin
Compagne des jours gris et subis
Amie inséparable de la désirable survie.

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021

Par Huguette Junod

Poussière d’étoiles

J’ai déposé une lettre
pour toi
Je voulais te parler d’amour
mais mes mots disaient autre chose
J’ai fermé l’enveloppe
en omettant mon nom
J’ai embrassé les plis
caressé l’adresse
J’ai ajouté des particules de lumière
des poussières d’étoiles
et je l’ai déposée devant ta porte

Je joue avec un ballon
qui représente la terre
Je voudrais te la montrer

Mes pas
se mettaient dans tes pas
Je voulais suivre ton espace
la trace de ton passage
Je voulais rencontrer ta force
partager ton instant

Nous naviguons sur l’écume du monde

Un vol d’oiseaux dans le ciel
Éventail rapidement disparu
Les feuilles du palmier
d’un vert acide
découpent les toits de tuiles
Les arbustes tendent leurs branches
vers le ciel bleu
Devant ma fenêtre
une alignée de perce-neige
et les premières jonquilles

Ton soleil dans mon cœur
bat au rythme de mon sang.

Mon chat ronronne sur mon châle
à côté de ma chaise
près de l’ordinateur
qui ronronne à son tour
Et je t’écris

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021

Par Irene Strasly

Neige calme

Il y a beaucoup de neige
sur ces mots lointains.
En dessous, le Silence.
La Terre est un spectre
d’elle-même. Et pourtant,
oui – pourtant –
Chaque Lieu est possible.

Elle virevolte
comme une jeune femme
éprise dans sa Danse,
Émue dans son chagrin –
Ha ! L’Amour !

Dedans, ce n’est qu’un Lac
de Lumière.

*

Ce sera possible

Je rêve de toi :
le sourire aux lèvres
Une mangue sous le bras.

Attendez – ils disent –
le jour où il sera possible
de savourer ses lèvres

Je te vois dans mes rêves.

T’es têtu, les joues charnues.
T’es proche, puis d’un coup
plus rien, plus du tout.
Attendons – on dit
l’Âge d’or : les baisers aux fleurs

Toi, puis moi : l’aube n’attend pas,
mais revient, chaque matin.

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021

Par Laura Maxwell

Dose d’espoir

Un cœur pris dans les filets de l’espoir.
Agité d’un désir qu’il aimerait réalité.

Il s’emballe
La tête le suit
Au rythme d’un train à grande vitesse
Les images défilent.

On tourne une scène
Dans laquelle le désir a le premier rôle.
C’est un plan-séquence de sa vie
Comme elle l’aimerait exactement
Avec lui qui lui manque.

Ils sont ensemble sur cette terrasse ombragée
Dans le plein été
Sous le soleil brûlant
Un sapin exhale des parfums de résine.
Elle incline sa tête sur son épaule.
Ils éclatent de rire.

Paf ! Tout vient de chuter.
Le cœur a reçu un grand coup.
Les images sont chimères.
Le cœur endolori soupire
De ses images trompeuses que l’espérance a fait naître.

Une addiction à l’espoir, dites-vous ?
Certainement, elle y revient sans cesse, malgré les interdictions, les mises en garde, les descentes fréquentes, les déconvenues foudroyantes, les déboires indignes.

Ma foi, il n’y a rien qu’elle ne puisse faire contre cela.
Elle est une très mauvaise élève, voyez-vous.
Elle n’apprend rien, persévère dans ce piège abscons.
Elle ne retient ni le mal ni les tourments que provoquent ses espoirs déçus.
Elle oublie tout, une vraie passoire.

Le temps de penser ses plaies
Elle y retourne.
Convoque une nouvelle fois ces images puissantes
Pour une dose d’évasion
Contre une dose d’espoir.

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021

Par Philippe Constantin

Es perare

Es perare
Espèce rare
Ré silience
Ré sistance
Un plat puis la poire es
Es poire
Espoir espuma
Entre la poire et l’amant
Ex expectoration
Ex sistere exister
Résister rex sistere
Padre re
Je suis venu
Je suis venu te chanter
Te chanter la ballade
La ballade des gens heureux
Es pérance
Ex périence
Bouche et sexe
Confondus
Sexe périence
Sexe pérance
Tape on your mouth
Hashtag bonheur
Hashtag espoir
Hashtag metoofuckyoumetoo
Je me sexe patrie
M’ex patrie
Le bonheur est dans le pré
Explain me
Sexplain me
Play sex with me
Sag mir wo die Blumen sind
Les trains partent toujours
Toujours vers l’est
Est ex extermination
Le camp du voisin
Toujours plus vert
La mort moins douloureuse
Ex terme termination
Terminer l’avant l’ex
My husband is an asshole
Ich liebe dich Liebling
Bling bling the word
Kukuklock und so weiter
L’aiguille passe
Trépasse celle du temps
Celle du fil
De Pénélope
Qui coud le rosaire
Le suaire
Ex plorere
Ex plorer
Pleurer les yeux
Dans les yeux
Ex plosare
Exploser
Orgasme la mort par devers soi
Et les autres saules
Pleureurs à jamais
Sans espoir
Mais nous mon amour
Ex plicitere
Expliciter expliquer
Pliquer piquer
Dans la veine le savoir
Dans le gras l’espoir
Deus ex machina
La voiture carambole
Heurte l’enfant
Coma
Un autre monde
Karl Valentin Theater
Ich muss dir fragen
La palabras
Glossa
America is back
Et toi et toi mon amour
Exciter exhausser excéder
Exécrer excommunier communier
Communicare
Porqué
Hashtag Babel
Les langues dispersées
Volatilisées ex voto
Examen poumons noirs
Plus haut toujours plus haut
My love Diò cane
Hostia pour dire quelque chose
Marie toi et moi ex clamere
Exclamer le bonheur
Beggar of love of lies
Con volare convoler
Et des théories d’enfants
A l’orée des forêts
A l’orée de l’espoir
Es esperare espérer
Un point
Un poing c’est tout

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021

Par Roger Chanez

Poème pour un siècle à venir

Plus que jamais
Aux grandes vibrations de l’âme
Il nous faut s’accomplir, aider,
Bannir l’arme n’étant que larme
Et repenser le mot aimer.

***

Fleurs au fusil

Si l’arme n’était qu’un cœur
Nous distribuant que des fleurs,
L’on se sentirait jardinier
D’un grand espace libéré.

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021

Par Monique Dunant

J’ai vu tant de beauté en tes murs,
Entourée de mystère,
Ruinée, relevée, restaurée,
Unique,
Seule sur ta colline,
Attente de la paix à venir,
Lieu de pardon, lieu de résurrection,
Espérance au profond de la souffrance, espérance pour les nations, espérance  et certitude,
Miracle de l’amour de Jésus donné pour nous.

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie».

Avril 2021

Par Linda Diatta

Se lever ce matin, encore…

Pourquoi, au fond ?
Aujourd’hui, plus que jamais,
Le monde a besoin de raisons.
Alors, ce matin encore,
Prendre son courage à deux mains
Et se hisser hors du lit chaleureux pour 

S’émouvoir une fois encore devant le couronnement des majestueux magnolias en fleurs ;

Suivre rêveusement du regard le ballet amoureux des cygnes, élégants danseurs sur le miroir du canal ;

Pour la première fois, faire son pain soi-même. Découvrir qu’on aime ça. Mettre trop d’eau. Rater. Manger des tartines humides pendant une semaine. Et recommencer sans une hésitation ;

Se rendre compte qu’en fait, on aime son métier ; malgré nos plaintes incessantes et quotidiennes, au fond, on l’a peut-être quand même choisi ;

Vouloir voyager encore, découvrir un nouveau pays, quand le confinement sera fini… sans avion on essaiera, c’est promis ;

Lire enfin tous les livres d’Emile Zola et de Balzac qui prennent la poussière et attendaient, sagement rangés dans la bibliothèque du salon, une telle occasion ;

Aimer son mari – sa femme – son concubin – sa concubine – ses amis – sa famille – les soignants – les personnes âgées – soi-même – il paraît que c’est le plus important – l’être humain enfin, dans sa totalité, avec toutes ses imperfections – espérer qu’il apprendra, qu’il se relèvera de cette crise et acceptera de faire autrement puisqu’ainsi n’a pas fonctionné ;

Pouvoir respirer un jour à nouveau sans masque, croiser quelqu’un sur le trottoir sans faire un écart de deux mètres avec un sourire contrit, toucher à tout dans les grands magasins, appuyer sur la poignée de l’immeuble sans penser qu’on va crever, retrouver nos mains douces d’avant, quand on ne passait pas nos journées à les laver ;

Me lever pour écrire, enfin. Ecrire. Ne plus pouvoir se dire : je n’ai pas le temps. Ne plus avoir le choix. Plus d’excuse toute faite. Ecrire parce que c’est là mon essentiel, la seule façon de traverser l’existence. Accepter l’écriture et lui faire une place dans ma vie, pour me sentir complète, enfin.

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie» (il a été écrit en avril 2020).

Avril 2021

Par Bénédicte Gandois

Le jour où l’enfant est né

Le jour où l’enfant est né
J’ai quitté l’Eden
De l’éternel temps présent
J’ai passé la porte
Par où l’on ne revient pas
D’un pas décidé
Je suis entrée dans le monde
Où le temps avance
Circulaire à chaque instant
Là où les saisons
L’une l’autre se succèdent
Où chaque minute
Peut devenir un trésor
Où chaque sourire
Chaque baiser ou caresse
M’a aussi appris
Que c’est la vie éternelle

***

Dehors, dans l’hiver immobile
Et le silence de la nuit,
La douceur claire de la neige,
Le clocher sonne la demie.
Le printemps nous a oubliés
Et s’étire encore l’hiver,
Quand soudain vient un son étrange,
Aussi mélodieux qu’incertain,
Si près de moi, si loin du jour.
Est-ce un oiseau insomniaque ?
Son chant s’élève sur les toits
Et l’oreille en éveil, je reste Suspendue au temps arrêté.

*

Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».

Avril 2021