Par Anouk Dunant Gonzenbach
Le tombeau est vide, des orchidées s’élèvent contre le béton armé
Les femmes au matin de Pâques
Marie de Magdala, Marie, Salomé
Elles arrivent là, devant le tombeau vide
La pierre est roulée,
Un grand vide, il n’y a plus rien.
Les jeunes filles de deux mille ans plus tard
Myriam, Léa, Yacine
Elles sont là, devant des montagnes béantes
des eaux qui montent, des glaciers qui fondent, des fraises qui se vendent en hiver, des abeilles qui disparaissent. Elles voient le vide à venir, un après avec plus rien.
Les femmes du matin de Pâques, les jeunes filles de deux mille ans plus tard, elles se demandent, comment continuer alors, si c’est le vide devant, s’il n’y a plus rien, si le futur est impossible à imaginer.
Le tombeau est vide, comme les théâtres, comme les rues en mai passé, comme les bateaux naufragés en Méditerranée, comme les poches des précarisés, comme les aulas des universités
Comment continuer alors, si c’est le vide devant, si on n’attend plus rien, si on ne voit plus comment avancer.
Au tombeau vide il y eu
L’inespéré,
Au milieu de la Romandie
S’élèvent des orchidées contre du béton armé
(et devant le Capitole, une jeune poète qui tente de nous réveiller).
Marie devant la pierre roulée
Myriam et sa pioche à la ZAD de la colline du Mormont
Elles se sentent vivantes comme jamais
Ici et maintenant. Parce qu’elles voient
Un monde autre vers lequel tendre
Parce qu’elles le construisent à la force de leurs bras
Parce qu’elles croient au fond d’elles
que se mobiliser, se retrousser les manches aujourd’hui
Est l’espérance d’un autre possible
Elles ont foi dans l’avenir, un avenir bleu, un avenir vert, un avenir violet, un avenir en couleur comme un champ d’orchidées
Femmes de l’aube de Pâques
Jeunes filles de la ZAD
Le trou du tombeau, de la colline, ne restera pas béant
Parce que vous regardez au loin avec confiance, à hauteur d’humains et de fleurs,
Parce que vous ne renoncez pas, parce que vous espérez, parce que de vous la force jaillit
Femmes de l’aube de Pâques, jeunes filles de la ZAD, ne jamais renoncer, agir parce que espérer,
Les orchidées vaincront le béton armé.
*
Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».
Avril 2021