Cette année, le sapin élargit les horizons. Partages de Noël
Par Anouk Dunant Gonzenbach
Depuis plusieurs années, le sapin à pommes à poèmes et à roulettes déambule dans les rues de Genève la semaine précédant Noël. Cette année, le cercle des mots s’élargit au-delà des poètes du cru, parce que l’esprit de notre ville est multiculturel.
Et que l’esprit de Noël, pour moi, c’est créer des liens. Des liens avec les personnes qui écrivent mais aussi avec les personnes qui s’arrêtent devant le sapin pour lire les textes. Des liens brefs mais authentiques. Quelques phrases, des sourires, et une compréhension immédiate de l’instant qui se vit.
Cette année donc, le cercle des mots s’élargit. J’ai contacté la merveilleuse Sophie Frezza qui travaille à l’Université Ouvrière de Genève, et ai découvert les activités de cette institution. Lors de trois cours de français et d’alphabétisation, qui réunissent des personnes de tous horizons, des mots de Noël et de l’hiver ont été appris, dits, écrits. Et sont accrochés aux branches du sapin aux côtés de textes et poèmes d’auteur.e.s du coin. Peut-être que ces mots, comme des bougies, vont contribuer à éclairer les nuits de décembre.
Tous les textes et poèmes sont disponibles ici.
Itinéraire du sapin
- Dimanche 19 décembre à 16h devant la Maison de Quartier de Saint-Jean: lecture de textes et thé, tout le monde est invité en toute simplicité!
- Mardi 21 décembre: place du Bourg-de-Four
- Mercredi 22 décembre: devant la bibliothèque de Saint-Jean
- Jeudi 23 décembre: le matin sur la place de la Fusterie; l’après-midi devant la libraire du Rameau d’Or
- Vendredi 24 décembre: devant la Coop de Saint-Jean
Si vous le souhaitez, vous pouvez participer en m’envoyant un texte ou poème de votre composition, jusqu’au 10 décembre prochain (maximum une demi-page) à l’adresse courrier@virusolidaire.ch. Ce texte sera imprimé et suspendu au sapin, qui sera chaque jour de la semaine précédant Noël présent à un endroit différent de la ville.
Une rencontre a eu lieu devant l’UOG avec les participant.es:
Photo: Laurent Guiraud
Lecture des textes et partages autour d’un thé, 19 décembre 2021:
Article de Thierry Mertenat dans la Tribune de Genève du 18 décembre 2022:
La coursière de Noël sillonne la ville avec son sapin.
Pourquoi un sapin à pommes à poèmes et à roulettes ?
Pour le Noël 2014 est née l’idée du sapin à pommes mobile, à l’origine dans le cadre des événements de Noël organisés par l’aumônerie de l’Université de Genève. Le sapin a accompagné ces Noëls pendant cinq années en roulant dans la cité, distribuant des pommes aux passants et aux étudiants.
Il a provoqué de beaux échanges, des dialogues surréalistes, des interpellations amusées, un intérêt sincère. Sa simplicité a désarmé. On ne s’y attendait pas du tout. Nous avons découvert qu’offrir une pomme et un sourire, souvent, c’est juste ça, l’esprit de Noël.
En 2019, le sapin a ajouté des poèmes sur ses branches. Un dimanche après-midi de décembre, nous nous sommes réunies, un bouquet de femmes, autour d’une table de la Treille dans le cadre d’un laboratoire d’écriture pour une lecture de textes; ces textes ont ensuite été suspendus au sapin avec des rubans. Ce sapin à pommes à poésie à roulettes a circulé dans les rues de la ville, de la poésie a ainsi été offerte aux passants pendant toute la semaine précédant Noël.
En 2020, il n’était pas possible de se réunir. Sur ce blog est alors né le projet du calendrier de l’Avent en poésie: un texte ou poème par jour, sur le thème du sapin, de la pomme, de l’étoile, de l’hiver ou de Noël, ou même de n’importe quoi, mais illuminé par une lumière positive, écrit par des autrices et auteurs différents. Suite à un appel a texte, un texte a été publié chaque jour sur le blog, comme une porte de calendrier à ouvrir. Puis chaque texte et poème a été imprimé et suspendu à un sapin à pommes ambulant tiré par un vélo qui a circulé dans les rues de Genève avant Noël.
Pourquoi des pommes sur le sapin ? petit retour historique
Simplicité. Qui vient de loin, on n’a rien inventé. Voici un bref résumé, tiré du livre de mon ancien prof de l’Uni François Walter et d’Alain Cabantous. Dès la fin du Moyen Age, on met des végétaux aux fenêtres de maisons au milieu de l’hiver, mais cela n’a encore rien à voir avec Noël, on se protège comme cela des mauvais esprits, des sorcières et des démons. Puis on commence à disposer des arbres dans l’espace public et le sapin est choisi, le seul qui est vert en hiver, symbole de vie, et c’est plus joli d’avoir du vert qu’un tronc tout nu.
On est alors en 1521 à Sélestat en Alsace, où les archives gardent la trace d’un sapin coupé qui sert de décoration. Le sapin devient associé à la fête de Noël et entre ensuite gentiment dans les maisons, et quand il n’y a pas de place, il est suspendu au plafond.
Dès le début, le sapin est décoré avec des belles pommes rouges (qui rappellent aussi l’arbre de la faute d’Adam et Eve), des noix et des fleurs en papier. Le 18ème siècle voit un grand essor du sapin de Noël, le 19ème siècle est celui de l’apparition des bougies. Les pommes sont encore là, parfois dorées, avec des sucreries.
Le sapin de Noël se répand en Europe du nord, et une romancière anglaise raconte qu’en 1836 on vend à Vienne des sapins déjà ornés d’une pomme, d’un fruit sec ou d’un pain d’épices. Selon la légende, l’année 1860 subit une mauvaise récolte de pommes. Les artisans verriers inventent alors des boules en verre soufflé pour les remplacer. A la fin du 19ème siècle, les boules et les santons sont fabriqués en série et dès 1950 les décorations de Noël s’industrialisent et deviennent plus uniformes.
Alors les pommes sur un sapin, c’est un peu un retour aux sources, mais surtout c’est simple et comme c’est beau.
Référence : Alain Cabantous, François Walter, Noël. Une si longue histoire…, Editions Payot & Rivages, Paris, 2016.
25 novembre 2021