Par Marie-Thérèse Bouchardy
Une île tissée de temps et de mots
La vie s’est taillé une pièce pas comme les autres
-virus aussi envahissant qu’invisible-
Elle a inséré cette pièce dans la trame ravaudée du temps
La vie s’effiloche aux pensées vagabondes
La liberté faufile le temps avec l’éternité aux replis du cœur
et assoit sa patience sur la pierre angulaire du présent
Dans le brouillard de la Covid
qui engloutit la trace de ses victimes mon île a surgi
dans l’isolement de ses falaises escarpées comme des remparts face à l’ennemi
comme une bulle en suspension
Les rayons du soleil sont les rayons de la rose des vents
Sur les longues pages blanches de l’agenda comme des plages de silence s’inscrivent tous les possibles
La pulsion des vagues de la mer comme une joie profonde irrigue ma solitude
J’ai puisé dans ma hotte de colporteur
le trésor des sensations passées
des rencontres des visages des énergies
pour raviver les forces de la vie
loin des infos lancinantes et mortifères
des discours creux des fake news meurtrières
Les mots en ribambelles tracent la joie ou la misère
pour exulter ou pour se plaindre
Je leur fait prendre l’air je les gonfle au souffle de la vie
pour faire résonner le sens du creux du temps
Le temps hoquète le temps se cherche
Ne laisse pas le temps qui se traîne serrer le nœud coulant de l’ennui
Tisse les mots qui s’entrelacent
Ne te laisse pas brûler par l’ombre effrayante de la maladie
Souris à la vie sur le fil laser de l’instant
Garde une lucarne sur le monde
pour lire « l’alphabet du ciel et de la terre » à l’horizon bouché des rencontres.
*
Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».
Avril 2021