Ecouter une page dactylographiée et divaguer dans les buissons
Cela a été fulgurant, révélateur, un cadeau pour toute la suite. Le moment où j’ai entendu ma première lecture à haute voix d’un texte d’auteur, à un vernissage. Ce texte, ce livre, je l’avais lu, je n’étais pas entrée dedans, je n’avais pas croché, avais-je même compris. Je l’avais posé plus loin sur l’étagère des mots échoués. Je n’y avais plus pensé.
Puis au hasard d’un événement culturel, je me suis retrouvée sur une chaise à écouter un passage de ce livre lu à voix haute. Ce passage, je l’ai alors entendu, absorbé, il s’est éclairé, je l’ai aimé. Je les ai aimés, le texte et celui qui le lisait. La voix s’est imprimée en moi.
Depuis, quand je bute sur une page, je la relis en entendant cette voix dans ma tête. La voix de Claude Thébert.
Archi-connue à Genève, cette voix. Des lectures en nombres chaque semaine, on n’arrive pas à suivre. Un pilier du quartier de Saint-Jean, ce personnage. Tous les lundis ou presque à 17h, devant le théâtre de Gaspard, Claude Thébert lit de la poésie. On s’assied sur les voies couvertes, on écoute, c’est tout simple. Au même endroit, l’été dernier, le quartier a assisté à Divaguer dans les buissons, spectacle poétique et écologique, par le même Claude et sa compagnie du Théâtre du sentier.
La voix ne se tait pas, ni le lundi, ni les autres jours. Elle nous parvient différemment, mais elle est toujours là. Maintenant, elle essaime quotidiennement bien au-delà du cercle de devant le théâtre de Gaspard ou des libraires genevoises. Les petites histoires du soir sont attendues puis entendues. Il y en a pour les enfants, il y en a pour les grands, il y a les grands qui écoutent les histoires des petits.
Claude Thébert a choisi de réinventer le Passage du lecteur. Il nous invite sur cette page pour écouter des contes, des poésies, des histoires.
Lectures pour la maison, Théâtre du Sentier
publié le 26 mars 2020