Par Anouk Dunant Gonzenbach
Les cosmos ont séché sur pied
Devant la maison,
Je suis triste.
Il faut dire que je ne les arrose plus,
Parce que utiliser de l’eau pour arroser, en ce moment,
Je n’y arrive pas,
L’eau potable si précieuse.
Les cultures ont brûlé
Les vignes hachées
Les cosmos secs et bruns pendouillent
Et je suis triste.
Les ados, autour, sont inquiets,
Ils font tout ce qu’ils peuvent
Mais ça ne change pas grand-chose,
Et ça me rend triste, tellement triste,
Et les glaciers fondent.
Depuis la nuit des temps,
Depuis que le monde est monde,
Ce n’est pas drôle, on est d’accord,
Mais là on pourrait tellement.
Alors je vais replanter des cosmos
Et les arroser
A l’eau de pluie récupérée
A l’eau du robinet, tant pis,
Non, quand-même pas
Et je vais regarder le quartier
Les roses trémières
Les toits végétalisés
Tout ce qui est en train de pousser
Tout ce qui est en train de se passer
Dans le quartier
Et comme depuis la nuit des temps
Et comme depuis que le monde est monde,
Fortes et fières
Les bras qui restent levés
Imaginer, planter, dégrapper
Parce qu’on prend les choses en main
A l’échelle du quartier.
17 juillet 2022
Paru dans Quartier libre 127 – automne-hiver 2022-2023