Par Françoise Favre-Prinet
Naître Noël en ma nuit
La nuit mendie ma nuit…
C’est à ne pas y croire, allez comprendre cela !
La longue nuit du monde quémande à la petite porte de ma nuit,
Insistante, suppliante, digne pourtant.
Je la croyais si riche d’elle-même !
Qu’allait-elle faire d’un surcroît de pigments d’encre ?
Je me suis tournée vers ma nuit, ma nuit d’hiver,
Pour la considérer de plus près, la regarder avec d’autres yeux.
Je lui ai demandé ce qu’elle avait à donner,
Quelle obole, quel présent ?
Pas un mot.
Pourtant, entre les fines arches de décembre la ferveur bruissait,
L’étoile passait les cimes et les chemins,
L’émerveillement ne bougeait pas d’un cil, bouche bée.
Un peuple d’aimés, d’inconnus, une foule de passage, tous rencontrés
Au fil de l’année, se frôlaient, s’avançaient,
Portaient âme, songe et ravissement :
Dans le noir, toute la bleuité de la tendresse.
À fleur de silence, dans un creux de pénombre,
L’Enfant…
Il ne dort, ni ne repose,
Il fait, de grain de ténèbres, grain de feu,
Flamme, de toute mèche,
Lumière, de tout falot,
Braise, de notre souffle.
C’est impensable !
Les nuits aux nuits ne se confondent
J’ai fait entrer la nuit du monde.
Pour une aube de printemps, il faut une nuit de décembre,
L’envie d’un haut désir,
Un cœur en Noël, follement vivant.
*
Mis en ligne le 23 décembre 2020
Ce texte fait partie du calendrier de l’Avent et sapin à pommes, à poèmes et à roulettes