Par Serge Bimpage
La folle rebelle
« A la maison ! », dit le slogan
Tandis qu’éclatent les décibels
Et que volent les pigeons effarouchés
Au-dessus des badauds endimanchés.
Ton tour, ton heure… Frappe, la peste nouvelle
A la porte des laborieux ! Enivre, la musique
Et la bière : tout ça fini, voici l’heure dernière !
Or, foi de Dieu, au milieu de l’effroi grégaire,
Une folle se trémousse et se contorsionne
Une vraie cinglée que le rythme illusionne.
Mince, décharnée, dans le drap qui lui sert de robe
Elle danse pour elle seule, indifférente aux regards.
Pour qui se prend-t-elle, l’inconsciente, la diablesse,
A se déhancher ainsi. Pour une star ?
Les étoiles, c’est là-haut, et sur la scène,
Pas sur terre : ici sévit la peste, les cœurs se barricadent.
Or, la rebelle danse et danse, déploie toute sa noblesse.
Son corps fin, son seul bien, se meut si bien
Qu’elle devient belle. Son sourire lance des éclairs
Aveuglants, décillant les méchants et les pleutres.
Le jour viendra, a crié la muette sorcière
Où le peuple moribond se lèvera d’un bon !
Puis, dardant sa fière poitrine aux faiseurs de meurtres,
Elle brandit sa liberté sous le masque du pardon.
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Mis en ligne le 7 décembre 2020
Ce texte fait partie du calendrier de l’Avent et sapin à pommes, à poèmes et à roulettes