Qu’est-ce que le confinement ? Peut-être ce doux instant Où nous prenons le temps… De ne plus suivre le rang Et lire de longs romans Redevenir des amants
D’écouter les enfants Et marcher en sentant Que tout n’est que ces chants D’oiseaux non questionnants De douces feuilles virevoltant Soleil éblouissant
Respirer tout le vent Jouir du calme ambiant Puis chez soi, être dansant Se rappeler de mouvements Jouer Chopin sans gants Voir son levain qui prend
Les tours de magie viennent Le scrabble n’apporte plus haine Cuisiner reste pérenne Tes moeurs deviennent les miennes Paroles d’amour reprennent Silences complices s’enchainent
Mon coeur pour toi demeure Nos pensées puisent ces heures Où revient la douceur D’être ensemble en bonheur De rires en toute splendeur Nous voguons en lueurs
Alors faut-il tenter De bien moins consommer De mieux se libérer Des entraves du marché Financier et quitter L’avoir pour l’être sacré ?
Lettres formées et virgules Garderont leurs belles bulles Partiront en calculs Dans des rimes, particules Etoilées de bidules De citrouilles et de tulles…
Avancer pas à pas Garder le cap Lever le nez Respirer Engranger les petits bonheurs Avancer pas à pas Plonger c’est remonter Hors de l’eau la tête Respirer Lever le nez Garder le cap Avancer pas à pas
En ce 52ème jour de confinement, assise sur le perron de la maison, le temps passe et je l’accompagne… Je l’écoute, il éveille en moi des lumières frêles ou anciennes, des lianes de vie entremêlées, une architecture de mille et un âges, la profusion faite présence, faite images et pensées, faite ingéniosité infinie, même quand l’exil est arrivé dans ma vie – et peut-être à cause de lui, qui sait?, car à ce moment-là, jetée hors de l’espace tendre et précieux, laissée sans lieu, il m’a pris contre lui, en lui, jurant qu’il serait ma mémoire ouverte: la clé est sur la porte, entre quand tu veux, viens respirer l’air de chez toi, l’air de là-bas, l’air du lointain et de l’intime, des aurores de jasmin et des terrasses aux draps blancs saturés de soleil ; viens goûter au temps des autres, à leurs questions, à leur labeur, à leurs rêves, à leurs défaites, connais leurs chagrins et le goût de leurs peurs …
J’ai amoureusement profité de cette hospitalité et lui ai accordé celle de mes passions pour que, conduit hors de lui-même, lui le temps, il connaisse l’éternité… En ces jours de confinement, il me montre encore ce que je croyais connaître: là, dans les angles morts, des amours timides patientent, d’humbles beautés, des présences si calmes, des dérobades aussi… Et j’en suis si émue que je me prends à désirer pour tous, un retournement qui déjouerait les angles morts, verrait large, ferait de chacun l’acteur et le témoin unique de ce temps: sa mémoire vive.
Confinement, semi-confinement, semi-déconfinement, déconfinement, où en est-on, comment titrer, il y a ceux dehors qui ne voulaient pas, ceux dedans qui veulent/doivent y retourner, ceux pour qui c’est risqué, allez-y mais pas trop, incertitude, incertitude.
Et il y a nous, dedans, dehors, toutes nos voix, cet espoir immense de ne pas recommencer tout comme avant, cette espérance titanesque de continuer autrement, avec un monde plus humaniste, plus local, plus durable.
Il y a plusieurs jours est né l’appel du 4 mai. Le 4 mai, parce que ce jour-là le parlement se réunira à nouveau pour la première fois depuis la crise. Cet appel est initié par des infirmier·ère·s, professeur·e·s, étudiant·e·s, réalisateurs·trices, entrepreneur·e·s, photographes, auteur·e·s, médecin·e·s, agriculteurs·trices, libres de tout parti et de toute organisation, vivant en Suisse romande, qui se sont regroupé·e·s face à l’inquiétude d’un retour à la normalité et du business as usual.
Le texte de l’appel, « pour un redémarrage humaniste, local est durable » est disponible sur ce site : https://appeldu4mai.ch
Cet appel sera remis aux autorités fédérales demain avec la liste des signataires, à ce jour 44’338 . Pour signer l’appel, cliquer ici : https://appeldu4mai.ch/index.php#participer
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4m2 – pas de retour à l’anormal, tout commence!
Pas de retour à l’anormal, tout commence !* C’est le message porté par 4m2. Pour une autre reprise – écologique, locale et équitable, qui respecte tous les être vivants.
En ce temps de confinement, pas de regroupement possible pour mettre en avant l’appel du 4 mai et ces revendications. Mais pour les rendre visibles et tangibles, chacun·e peut sortir de chez soi, occuper un bout d’espace, urbain ou non, et tracer autour de lui·elle un cadre de 2m sur 2m, à la craie, au scotch papier, avec des cailloux, des pives, tout ce qu’on veut. Ecrire dans le carré, sur le sol, son slogan, sa revendication, son envie de changements avec ses propres mots. Puis s’immobiliser au centre de ce cadre et faire silence, le temps qu’on estime juste.
Ce geste a pour intention symbolique de permettre de respirer, réfléchir et ainsi ralentir les flux de redémarrage, qui reprennent déjà à un rythme effréné. Un redémarrage aveugle risque de ne pas tirer parti des enseignements de cette crise. Ne repartons pas aussi vite qu’avant en oubliant tout ce qu’on a pu constater.
Rien ne
nous sera-t-il épargné ? Après les bousiers humains, (pardon aux vrais
bousiers, vous de la grâce vous en avez !), après les bousiers humains
amonceleurs de papier hygiénique, qui en ont pour deux vies de torchages de
fion…
Après
les bouffeurs sans goût qui font la queue quatre heures, polluant, rageant,
nuisant sonorement pour un piètre hamburger pas bien loin du poison (240
précieuses minutes quand même,
qu’ils n’ont su employer à de plus prestigieux desseins, ces troufignons.)
Voilà
maintenant la horde repoussante des bricoleurs du dimanche, qui sortent du bois
le lundi, nous surprenant en mal un peu comme le fait cette fiente, qu’on
retrouve sur nos capots avant de partir au boulot.
Nous fera-t-on tout ? Qui sont-elles ces foules rampantes, ces amas écœurants de bas du front, qui ont tous les mêmes hobbies, les mêmes fringales angoissantes, au même moment, les mêmes consommations ? Est-ce pour ces déficients que des sages, des justes sont morts ? Pour sauver leurs libertés, conquérir leurs congés payés, leurs protections sociales, améliorer leur sort : eux les « découragens » ? Je les vois si petits, que je ne les vois presque pas… A priori pour ces abrutis je ne lèverais pas un doigt. Leur ferais même payer le fait qu’ils me glacent d’effroi. Mais qui sait – ne nous faisons pas plus méchant que je ne suis – comme je m’ennuie, bougerais-je peut-être même pour ça ? Tel le bon Ponce Pilate, pour l’instant en tout cas, mes mains je cours les rincer ! Pour ne pas me salir d’encore plus noires pensées…
C’est dans le quartier, c’est trop bien et il y a eu
un article dans la Tribune. Il fallait vraiment aller voir et se renseigner. Un
des objectifs de ce blog, mettre en lumière les actions positives, les bulles d’espérance,
ce qui est beau là, autour, tout près. Alors cap sur la Maison Ronde. L’écrin
de la Chorale de Saint-Jean.
Comment cela a commencé, on ne s’en rappelle pas bien.
Des affichettes sur les portes des immeubles, peut-être le deuxième, ou
troisième jour du confinement, annonçant qu’à 18h, on chantera Je t’emmène au vent de Louise Attaque,
il y a les paroles sur l’affiche. Alors côté cour ce jour-là à 18h, les gens
sortent sur les balcons. Les notes de la chanson retentissent depuis un petit
haut-parleur, une voisine dirige
depuis en bas ce chœur naissant, les gens chantent. Tout recommence le lendemain,
et c’est parti.
Un groupe Whatsapp pré-existant s’étoffe, les choses
s’organisent toutes seules. Très vite, une famille musicienne au balcon de
l’immeuble d’en face met sa sono à disposition pour remplacer le petit
haut-parleur et joue en live un morceau après la chanson du jour, il semble que
leur interprétation des Cactus de
Dutronc a marqué les esprits. Le pli est pris, le chant du jour est annoncé à
l’avance, puis deux ou trois chansons par jour.
Il y a eu des appels, qui s’occupe du mardi, du mercredi,
du jeudi. Chacun s’inscrit pour
organiser tel ou tel soir, ça roule, il y a des chansons pour les enfants comme
Buvons un coup ma serpette est perdue version
Henri Dès, des chorégraphies tous en mode Beach Boys avec Surfin USA. Chaque jour sans exception.
La chorale de Saint-Jean, appelée ainsi par la
Tribune et le nom est resté, devient de plus en plus créative. Des thèmes sont
lancés : la plage, les bébés, l’aérobic, une soirée en hommage au chanteur
Christophe, le Reggae, Queen, l’amour, les bulles de savon. C’était très beau,
les bulles de savon provenant de tous ces balcons s’envolant dans un ciel tout
bleu avec les notes de musique.
Il y a aussi des quiz, le voisin du jour pose des
questions, par exemple deviner une chanson, une série télévisée, un animal.
Parmi ces jours spéciaux, une course a été organisée dans la cour, une personne
après l’autre tournant en rond sous les applaudissements des balcons et la
musique à fond. Le but était d’atteindre les deux cent tours de cour.
Forcément, les voisins plus éloignés ou des curieux
sont attirés et viennent assister, ce qui n’est plus très distance physique
compatible. La police veille, bienveillante. Seul bémol, le jour où elle a dû intervenir à cause d’une
plainte pour cause de bruit. Certains ont le confinement plus sombre.
La
Maison Ronde
Benoît relève que le lieu est comme juste fait
exprès pour cela, un amphithéâtre au sens propre du terme. D’ailleurs, si le
son passe assez mal lorsqu’on est dans la cour en train de diriger le chœur,
depuis les balcons la sonorité est incroyable.
La chorale de Saint-Jean est donc en parfaite adéquation avec le lieu. Ce lieu, cette Maison Ronde surnommée Rotonde ou Colisée, un ensemble de cinq immeubles de six étages réalisé à la fin des années 1920 par l’architecte Maurice Braillard. Une architecture qui favorise les rencontres. Un ensemble classé monument historique depuis 1995.
Prendre
le temps de s’amuser
Et bien sûr, ce rendez-vous de 18h a renforcé les
liens et les solidarités entre voisins, même s’il y en avait déjà pas mal.
Hélia, 15 ans, insiste sur le fait que cette aventure quotidienne permet de
connaître des personnes qu’elle n’avait peut-être jamais vues. Comme tout le
monde a le temps, elle apprécie de prendre ce temps avec les autres et de
s’amuser avec ceux qui vivent juste à côté.
Benoît raconte que ce moment de 18h donnait du sens
et du courage pour la journée qui tendait vers ce rendez-vous, surtout pendant
les trois premières semaines, surtout quand on est confiné avec des enfants en
bas âge. Léon, 16 ans, confirme que c’est un bon défouloir en fin d’après-midi,
qui permet de décompresser après les télédevoirs. Pour Hélia, c’est un moment
qui remonte le moral à beaucoup de personnes vu les sourires sur tous ces
visages. Elle m’écrit par message, mais je peux voir les étoiles dans ses yeux,
comme c’était une bonne idée de réaliser plein d’activités, dont « des
projections de courts-métrages d’animation quand le soleil se couche ».
Aussitôt
dit aussitôt fait
Un des points forts de cette aventure, c’est la bougeocratie. Benoît n’en revient toujours pas. Si quelqu’un lance une idée par SMS, hop le lendemain c’est réalisé, concrétisé. Par exemple, l’idée de tendre une corde entre la Maison Ronde et l’immeuble d’en face pour matérialiser le lien sonore et virtuel, en y accrochant des bricolages. Ni une ni deux, c’est fait.
Laissons le mot de la fin à Hélia : « pis c’est toujours bien fait pour inclure toutes les générations ».
Courant d’eau, courant d’air, Les graminées volent sous les ailes des mésanges. Les berges et les talus offrent abris au babil des fleurs riant du bourdon.
Ça gazouille le conte du rocher et sa mousse tombés en amour un beau soir humide, poussés l’un vers l’autre d’un sens irrésistible sous l’oeil attendri du saule protecteur.
Il n’est rien dans ce nid de la vie éphémère qui ne chuchote en douce la grâce des saisons. Tourbillons de cailloux ou racines enchantées, la joie fraiche s’écoule dans la lumière du ciel.
Un être cher, l’approcher, l’embrasser, le toucher Je pouvais en être subitement privée De la liberté de le toucher, de l’embrasser, de l’approcher Je n’y avais jamais pensé
Liberté de travailler, de sortir, de choisir, de jouer Réduite parfois en automatisme, en quotidienneté En normalité ou ennui, parfois, après de longues années J’ai oublié toutes les luttes antérieures pour ces libertés
Libre de m’éloigner des remous sociaux et tueurs Liberté d’accéder à mon monde intérieur Intouchable, préservé, régénérateur J’ai le droit de libérer mon pouvoir créateur
Et par la soudaineté d’une pandémie naissante Je redécouvre vos fragilités, votre nature puissante Le monde s’incline pour vous chérir, vous protéger Pour que vous ne puissiez plus jamais nous quitter, Vous, Libertés.
Intouchables – tous reclus dans un péril sans visage maître des lendemains quand il suffit d’un coussin rose carmin saponaires accrochées au muret d’une vigne pour déverrouiller nos âmes
La ville retentit de son silence Voies désertes ou ponctuées de quelques badauds Des binômes éventuellement, qui ont orchestré leur rencontre, Chronomètre en poche, à cheval sur la distance adéquate à maintenir.
Sortir pour faire ses courses, liste à la main, Surtout ne rien oublier, Faire gaffe, respecter la ligne de scotch jaunie, Sourire à l’employée masquée qui nous désinfecte les mains au spray, Respecter la ligne, la limite, la séparation, la cloison Autant que les cloisons des quatre murs qui nous protègent.
Confinement : pas de place à la surprise Tout est contrôlé, quadrillé, le temps comme les émotions, Le temps comme les élans d’amour, vers cet autre qui n’est pas, Vers cet autre qui fuit, vite, entre ses quatre murs.
Le confinement n’est pas si solitaire, Les amis toujours bien là, au bout du fil, au bout du skype, au bout du zoom, Fidèles à eux-mêmes, Les amis qu’on a l’impression d’avoir vu hier même quand deux mois se sont écoulés.
Ce qui manque, ce sont les rencontres de hasard, Les coïncidences bienvenues, Les âmes qui s’attirent toutes seules, La magie des cœurs qui s’appellent, Les heureuses surprises qui éblouissent une journée.
Tenir les distances Ravaler les élans de joie, les élans d’amour, les élans d’humain La surprise et l’aléatoire au rebut.
Genève, virus, 13 mars 2020, 17h C’est un vendredi soir Stay at home D’un coup les écoles ferment Soulagement, ils n’ont pas l’air touchés Qu’en faire à la maison Genève joue le jeu, Seulement maximum cinq enfants par école Au service de permanence Floraison d’idées sur la toile Pour les petits Panique à bord de l’école en ligne Enseignants, parents, Pour les moyens Les groupes Whatsapp chauffent Chez les grands ça passe Il y a ceux qui profitent Ceux pour qui l’enfermement Est violence Ceux qui n’ont pas accès à un ordinateur Même pas un Ipad Même pas un Iphone En Suisse heureusement Il y a dehors De ce semi-confinement Mais dehors pas groupés – bonne chance Le lapin de Päques sera-t-il confiné Qu’en faire à la maison Ecran Cuisine Ecran Confinement Parents qui ont les ressources Parents qui n’ont pas les nerfs Les écoles restent fermées Soulagement les enfants n’ont toujours pas l’air touchés Deux mètres et gel désinfectant Comment s’en sortir Ça va rouvrir Peut-être Casse-tête Et les crèches Pas d’enfants sur le chemin de l’école Ville triste Ceux qui n’ont plus rien à manger Parce que le père Sur un chantier, migrant, chantier fermé Et 45 jours plus tard Redémarrer les activités professionnelles Mais pas d’école Casse-tête Incertitude Plus dangereux de les regrouper Ou de les laisser isolés Chez eux Où seront les plus gros dégâts? Panique à bord au département de l’instruction publique Reprendre ou ne pas reprendre Reprendre et comment reprendre Incertitude Déconfinement Incertitude
Viens te coucher dans mes mots Viens, Y poser la tête Lourde de la variété du noir. Viens changer tes ombres, Viens parce que c’est souple C’est tout doux, Il y en a pour les colères Les chagrins Les souvenirs Surtout pour les souvenirs Pour les envies qui pincent le cœur. Viens pour recevoir les baisers des mots Pour partager les solitudes Aromatisées La mienne sent la lavande de Provence, Tu connais ? Et la tienne, de quel parfum s’habille-t-elle ce matin ? Viens, car il n’y a que les mots, Indemnes De la convoitise des nuages.
Le corona vit rouge Le corona vit chinois Le corona vit Venise (et ne mourut pas lui…) Le corona vit russe Le corona vit rousse blonde, brune, ambrée, lisse, crépue Roux, blond, châtain, chauve souriant, chauve triste Le corona vit pères, mères, sœurs, frères, aï- eules, aïeux, cousins, cousines, copains, copines Le corona vit noir, blanc, jaune, rebeu Le corona vit tout le monde Tout petit petit mais grand voyageur le corona Putain de touriste viral Le corona vit Vivons aussi ! Avec et bientard sans lui Des confins nous ferons fi Des confins nous ferons des confettis