Par Pierre Jaquier
La
pensée « pure » de l’homme universel abrite son Dieu particulier
Anouk nous convie à nous entretenir sur
l’Avent. J’appuie son initiative. J’avance même que sa pensée est
« pure » parce qu’elle nous invite à nous unir en cette période de
l’Avent par l’écriture. Et l’écriture, c’est d’abord de la pensée.
Cicéron disait que : C’est dans la pensée que réside le bonheur.[1] Et Selon Socrate, la vie se voue à prendre soin de ses pensées afin qu’elles nous élèvent au meilleur de nous-même.
Aussi, je souhaite consacrer mon propos à l’ensemble des hommes quelles que soient
leurs croyances, leurs pensées.
Prenons d’abord ce verbe
« consacrer », il y a con,
du latin cum, avec, et sacré. Avec du sacré… Parce qu’il me semble que
plus les nouvelles technologies augmentent et se perfectionnent et plus le
sacré disparaît. Y compris le sacré de l’Avent.
Petit rappel anthropologique pour
naviguer sur la même longueur d’onde. Une pensée se compose de mots qui forment
et construisent une culture d’entente, versus de mésentente.
Je vais donc me consacrer sur un extrait de la Bible, là où Jésus s’exprime sur
le : Verdict sur le cœur humain.
Jésus rassemble la foule et dit : Il
n’est hors de l’homme rien qui, entrant en lui, puisse le souiller ; mais
ce qui sort de l’homme, c’est ce qui le souille. Au premier degré, Jésus
parle des aliments, du lavage des mains, ce qui entre dans le ventre de l’homme
et s’en va dans les lieux secrets.
Vous me comprenez.
Mais Jésus précise aussi : C’est du dedans, c’est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les débauches, les meurtres, les cupidités, les méchancetés, l’orgueil… (…) Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et souillent l’homme.[2]
La plupart des hommes pense que Dieu
est le créateur de toutes les espèces vivantes. Ce faisant, il nous a doté
d’une pensée qui nous différencie et forme notre condition spécifique. Ne nous
attardons pas de savoir à quoi sert cette pensée mais plutôt où nous
mène-t-elle pour rappel de l’adage : Ce
sont les idées qui mènent le monde…
Une pensée « pure » mènera
son « penseur » vers des émotions agréables d’amour, de joie, de
sérénité et de lucidité. Vers un état toujours temporel de bonheur, de
félicité. Mais qu’est-ce qu’une pensée pure ?
Ne serait-elle pas celle qui unit
l’être et non le fragmente. Celle qui nous amène à jouir de la paix, de la
tranquillité d’âme, de l’ataraxia
comme la nommaient les Anciens. Au contraire d’une pensée « impure »
qui nous conduit vers des conflits intérieurs, vers « l’intranquillité »,
et nous mène à éprouver des émotions d’anxiété, d’angoisse, de culpabilité, de
honte, de déprime, etc.
Voilà ce qui différencie une pensée
« pure » d’une pensée « impure ». La première engendre la
paix individuelle comme communautaire et la deuxième la guerre interne ou
externe. Sans colère et mépris de la démocratie, Trump ne pourrait pas
s’opposer à l’élection de Biden.
Revenons à la question : qu’est-ce qu’une pensée « pure ». Ne serait-elle pas celle qui se trouve être en adéquation avec la réalité, étant donné que la réalité dans son sens premier est ce qui est et non ce que je voudrais qu’il soit. Si notre pensée parvient à se mettre en harmonie avec la réalité des choses, alors nous serons en paix, enseigne le sage Ajahn Chah.[3]
La réalité ne cause pas d’émotion. Elle
est un fait. Et un fait tout comme une question ne causent pas d’émotion.
Seules l’interprétation de ce fait et la réponse à une question peuvent le
faire.
Épictète le disait déjà il y a 2000
ans : Ce qui trouble les hommes, ce
ne sont pas les choses mais les idées qu’ils en ont.
Une pensée « impure » est en
inadéquation avec la réalité. Entre deux il y a les pensées, croyances
douteuses. Celles qu’on ne peut pas démontrer à l’aide de la raison, la
réalité, les sciences, la logique, etc.
Une recherche américaine estime que
dans le cerveau humain circule quelques 37’000 pensées, stimulus, croyances,
images. Par jour !
Qui d’entre nous trie chaque jour ses
37’000 stimulus ? Combien en avons-nous conscience, préconscience,
inconscience ?
La croyance en un Dieu fait partie des
pensées douteuses. Nul ne pouvant confirmer ou infirmer son existence.
Mais la croyance « pure » en
un Dieu d’égalité entre les hommes et les femmes, de partage des richesses, de
respect des espèces vivantes va nous amener vers la paix et non un conflit.
Pour aller vers un conflit, il faut des pensées et des croyances
« impures » qui construisent le conflit et causent des émotions de
colère, de haine, de sentiment d’injustice comme : « les faits ne devraient
pas être ainsi, il n’avait pas le droit, elle aurait dû, ils doivent, ne
doivent » …
La pensée « impure » usuelle,
qui nous cause de la colère, se formule toujours de la même manière :
« Ce qui est ne devrait pas être et comme c’est et que ça ne devrait pas,
ça mérite châtiment ».
Sans cette pensée « impure »
pas de conflit, pas d’action de guerre, que ce soit de couple, de voisinage ou
entre nations.
La pensée « impure » conduit
donc à une action « impure » dans le sens que cette action produit
des conflit internes et des guerres externes.
Si le concept du Dieu colère de
l’Ancien testament est pour la plupart d’entre nous éradiqué. Mais pour
certains, cette pensée « impure » en un tel Dieu demeure et conduit
ses propriétaires au conflit, à la vengeance et non à la paix et au pardon.
Alors pour l’Avent, je souhaite qu’une
lumière de pensée « pure » nous éclaire de toutes ses valeurs
universelles de paix, de joie et d’amour.
Avoir à l’esprit cette pensée
« pure » que l’on peut aussi appeler le Tout, la Nature, Cosmos ou
Dieu nous revient de la garder en tête et si possible de la conserver en mémoire.
Encore faut-il y penser…
Et je termine avec Plotin : Toute vie est une pensée (…) Qui peut être plus ou moins vraie. La pensée la plus vraie est aussi la vie première et la vie première ne fait qu’un avec l’Intelligence première.[4]
[1] Cicéron : Le Bonheur, p. 108.
[2] Évangile de Marc : 7 : 14-23 ou Matthieu : 15 : 10-15.
[3] Ajahn Chah : Tout apparait, tout disparait, p. 79.
[4] Plotin : De la nature, de la contemplation et de l’Un.
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Mis en ligne le 11 décembre 2020
Ce texte fait partie du calendrier de l’Avent et sapin à pommes, à poèmes et à roulettes