Par Françoise Favre-Prinet
Et tant plus encore.
L’amour
ne dit pas tout, c’est là sa plus haute élégance et mon ébahissement. Il a
cette manière de me conduire hors les murs, plus loin que ma parole, vers la
beauté nomade, dans un verger de bouvreuils, sous les ruchers étoilés des vieux
oliviers et jusqu’au visage qui s’excuse, la main qui vole une larme : là
où la beauté a une histoire.
De
cet amour me sont appris le don, la promesse et l’émerveillement.
L’audacieuse
confiance.
Mais
l’amour est le signe d’autre chose… Quelques points en suspens, le gué du
silence sur l’écume du vide. C’est là qu’elle frémit, elle qui n’est que de
l’entendre.
Elle
me prie. Elle m’espère. Je la risque. Elle porte une petite robe de source même
au plus nu de l’indigence. Elle a mon regard et aussi vos yeux, elle a mon
chant mais votre voix. Elle est vous avec moi.
Elle
se respire quand on a pris par la main la nuit et le noir.
Elle
sait d’un étrange savoir que le soleil ne s’éteint pas, que les braises se
passent de maison en maison, ainsi les fleurs, ainsi le ciel, un paraphe de
lumière. Persévérance insolente.
Elle
fait serment que oui, tout de suite, maintenant, elle veut conduire la vie dans
le souffle, les prunelles et les mains.
Certains
l’appellent espérance, je la nomme ferveur.
Une
insurrection de douceur à faire blêmir le cri des ombres.
Et tant plus encore…
*
Photo prises en Birmanie où Françoise se trouvait seule, sac à dos, au moment de la libération d’Aung San Suu Kyi et son arrivée à Rangoon. Françoise m’a écrit en envoyant cette image: «J’ai si présent en moi, tant et tant de rencontres, de visages, d’instants rares et précieux, de jeux avec les enfants.» Et elle ajoute: «Anouk, si la tendresse ne sous-tend pas notre souffle, si elle ne se dit pas, si elle n’est pas notre courage, si elle n’est pas notre exigence, si elle ne tisse pas notre histoire ensemble, tous, alors notre humanité ne pourra tenir debout.»
Ce texte fait partie du projet «Paroles d’espérance en temps de crise. La voix de la poésie ».
Avril 2021